La patiente était en douleur depuis 3 semaines, n’avait pas pu dormir la veille de la consultation. La dent était très sensible à la percussion et la douleur était exacerbée par le chaud et le froid. La dent se présentait avec un diagnostic de pulpite irréversible. Afin d’éviter son extraction, il était nécessaire d’effectuer un traitement de canal. Toutefois l’examen radiologique de cette première molaire maxillaire révélait la présence de nombreuses calcifications dystrophiques et de fibrose tissulaire oblitérant aussi bien la chambre pulpaire qu’une grande partie des canaux. Situation pouvant accroître de façon considérable le niveau de complexité du traitement de canal en soi.
Le système canalaire calcifié entraîne plusieurs difficultés au niveau de l’intervention en endodontie. Le premier ensemble d’obstacles à surmonter consiste à localiser les quatre minuscules entrées canalaires à la fois calcifiées et enfouies sous une masse de pulpolithes adhérents. Afin de ne pas hypothéquer le pronostic de restauration de la dent, cette masse solide de pulpolithes doit être excavée progressivement en évitant un trop grand délabrement de la couronne clinique ou de la racine. D’autre part, cet acte doit être accompli en évitant une perforation latérale, parfois irréparable, de la dent. Une fois l’entrée canalaire localisée, il s’agit dans un deuxième temps, de réussir à instrumenter le canal calcifié sans en perdre la perméabilité (cathétérisme), sans y créer un épaulement apical (butée apicale), sans le perforer latéralement et pour finir, sans y fracturer une lime d’endodontie. Cela explique en partie pourquoi, au moment de soupeser le rapport risques d’une thérapie d’endodontie sur une dent présentant cette condition clinique versus les bénéfices que le patient pouvait en retirer, l’option de l’extraire et de la faire remplacer par une couronne sur implant dentaire restait, il y a quelques années encore, une intervention qu’un praticien “raisonnable et prudent” devait envisager. Cependant le microscope a permis d’entièrement changer la donne en permettant d’observer à fort grossissement des structures de quelques centièmes de millimètre.
La chambre pulpaire a été dégagée à la fraise 556 en se rapprochant le plus possible du niveau estimé du planché pulpaire. Les entrées des canaux ont été dégagées à la pointe ultrasonore sous observation à forte valeur de grossissement (Microscope opératoire Opmi Proergo de chez Carl Zeiss et inserts ultrasonores BUC de chez Spartan). La perméabilité canalaire a été récupérée au moyen de limes d’acier fines de type K et d’un chélatant. La mise ne forme a été effectuée par de limes ProTaper Universal. L’obturation canalaire a été faite au ciment de scellement canalaire Pulp Canal Sealer de Kerr.
Suite au traitement de canal la dent ne présentait plus aucun symptôme et la patiente était prête à faire remplacer son ancien bridge par un neuf. Ce succès au niveau du traitement de canal lui a permis de récupérer sa fonction masticatoire ainsi qu’un sourire esthétique au 1/3 des coûts qu’auraient représenté l’extraction de cette dent et la pose de 3 couronnes sur implants dentaires
Depuis leur introduction par les endodontistes il y a une vingtaine d’année, les microscopes opératoires et les pointes abrasives ultrasonores ont gagnés en popularité. Les temps ont changé, il est de plus en plus accepté au sein de la profession, que le microscope opératoire permet de préserver des dents qui étaient autrefois condamnées à l’extraction.
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